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Textes divers
9 janvier 2007

Texte sur les emprunts russes

    Prêter à la Russie, c'est prêter à la France… ou l'histoire des emprunts russes

  Qui n'a pas eu un père, un grand-père, un arrière grand-père qui avait dans ses papiers des emprunts russes ? Qui n'a jamais entendu comment un membre de sa famille avait perdu toute sa fortune après la grande guerre ? Après une guerre de 4 ans, beaucoup de français se sont retrouvés ruinés après avoir "un peu trop" écouté les propos angéliques de l'Etat, des banques et des médias financiers.
  Nous essaierons dans cette fiche d'expliquer les raisons de cet engouement pour une épargne venue du froid, et comment cet épargne a disparu d'un trait de plume en 1918. Les étapes d'après spoliation seront également étudiées avec le "remboursement symbolique" ces dernières années de l'Etat russe aux porteurs d'emprunts.
De 1867 à 1917 : Prêter à la Russie, c'est Prêter à la France    Dans la seconde moitié du XIXème siècle, la France est isolée à tout point de vue en Europe. Les tensions avec son voisin allemand se font sentir davantage chaque jour. La France tout logiquement cherche donc à développer une alliance de poids sur le territoire européen. C'est la Russie de l'époque qui deviendra cette "bouée de sauvetage" diplomatique.
  En 1867, les compagnies de chemins de fer russes lancent en France un emprunt nommé "Nicolas" pour la construction de nouvelles voies en Russie. Rappelons que la Russie de l'époque avait un besoin important de capitaux liés à des investissements forts coûteux. Cet emprunt n'a pas été le premier. En 1822, l'Etat russe avait émis en son propre nom un emprunt en France.
  1870. La France est en guerre contre l'Allemagne. Les tensions qui s'étaient accentuées entre les deux pays ont trouvé leur point de non retour avec l'annexion de l'Alsace Lorraine à l'Allemagne. Outre cette annexion militaire (traité de Francfort – mai 1871), la France a été contrainte de verser à l'Allemagne au titre des indemnités de guerre, 5 milliards de francs or. A l'époque, il était de coutume d'humilier le perdant. La France fera de même après la Première Guerre Mondiale avec l'Allemagne. Cette défaite militaire et la volonté de reconquérir l'Alsace Lorraine incitent les gouvernement français successifs à chercher les bonnes grâces de la Russie. Cette dernière est d'autant plus réceptive que leur source principale de capitaux, l'Allemagne, s'est tarie. Les allemands investissent désormais sur leur territoire et les exportations de capitaux se font plus rares. A l'époque, la Russie était aussi considérée comme un pays très peu solvable par les autorités.
  1882 : signature de l'alliance tripartique Allemagne – Autriche Hongrie – Italie. La France est définitivement isolée en Europe Continentale. Elle doit à tout prix obtenir une alliance avec la Russie pour éviter tout conflit armé qui serait dévastateur pour son territoire. Ce rapprochement aboutira en 1892 à la signature d'une convention militaire entre la Russie et la France. En cas d'invasion de la France par l'Allemagne, la Russie devra ouvrir un front à l'est.
  Durant toute la fin du XIXè siècle, le gouvernement français mettra tout en œuvre pour nouer de bonnes relations avec l'Etat russe. Comment ? En prêtant d'importants capitaux à la Russie prélevée sur le budget de l'Etat français ? Non. L'Etat français qui à l'époque devait supporter son propre développement économique a choisi de consolider les relations avec la Russie avec l'argent des épargnants français.
  La Russie va émettre sur le territoire français un nombre incalculable d'emprunts soit des emprunts d'Etats, soit des emprunts de collectivités, soit des emprunts liés aux compagnies de chemins de Fer. Ces emprunts permettront à la Russie de créer des dizaines de milliers de kilomètres de lignes de chemin de fer, d'ouvrir le Transsibérien, de développer de nouvelles industries (chimie) et de plus anciennes (mines). Des entreprises françaises renommées investissaient dans les états satellites de la Russie, marché d'avenir. L'argent français a permis à la Russie de se développer très fortement en quelques années. Sans cet argent, l'Etat russe n'aurait pu atteindre son niveau technologique.
  Pendant 30 ans, le gouvernement et les médias français vont encourager les épargnants français à investir un total de près d'un tiers de l'épargne française en Russie. 1/3 de l'épargne française était placé en Russie pour un montant d'environ 15 milliards de francs or. De 1887 à 1913, l'exportation nette de capitaux correspondait à 3,5% du PNB de la France. A l'époque, l'expression "ne pas mettre tous ces œufs dans le même panier" ne concernait pas les "emprunts russes".
"Prêter à la Russie, c'est prêter à la France !" Cette phrase est tirée d'affiches publicitaires incitant les épargnants à acheter des emprunts russes. Les risques de solvabilité de l'Etat russe qui avaient conduit l'Allemagne a arrêté tout prêt à la Russie ne semblaient pas entacher l'optimisme des gouvernements français. 1897 accentua même le phénomène. Le rouble se rattache à l'or et accroît ce caractère de sécurité.
Outre une campagne gouvernementale massive pour favoriser les emprunts russes, les médias français ont insisté lourdement sur l'intérêt d'aider la Russie. Plus tard, on apprendra que ces mêmes médias ont été grassement payés pendant plusieurs années par l'Etat russe qui leur versait de très agréables commissions.   Les banques n'étaient pas en reste. Lors de toute émission d'emprunt, la banque est rémunérée via des frais qu'elle perçoit à chaque fois qu'un investisseur décide de participer à cet emprunt. Pour le seul Crédit Lyonnais, on estime que 30% des profits réalisés avant 1914 l'étaient grâce aux seuls emprunts russes. De telles sommes expliquent en grande partie, la surdité des établissements bancaires et leur manque de communication et de transparence financières.
Les emprunts russes garantissaient à leur détenteur une "sécurité à 100%" (soutenus par l'Etat Français) et des performances intéressantes au regard du marché financier de l'époque. Les émissions des emprunts se sont accélérées pour ralentir au début du XXème siècle. A l'époque, l'épargne d'un français était sa bouée de sauvetage pour ce que l'on n'appelait pas encore retraite. Il n'était ainsi pas rare de voir une famille placée toutes ses économies  dans des emprunts russes, comme on l'aurait placé dans des emprunts d'Etat français.

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Commentaires
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